Augustin Cartens, le Directeur Général de la Banque des Règlements Internationaux, recommande aux Banques Centrales de réglementer l’usage des cryptomonnaies – dont le Bitcoin – principalement lors de leur conversion en « monnaies réelles ».
Demande de réglementation des cryptomonnaies par les banques centrales :
L’attaque de la BRI est directe et elle est menée au nom de l’ensemble des consommateurs et tous les investisseurs, dont la confiance dans la monnaie et les institutions financières est mise en danger par la prolifération des cryptomonnaies.
Pour le Directeur Général de la BRI, le Bitcoin a peut-être été conçu comme un système de paiement alternatif, hors de toute intervention des gouvernements, mais il associe maintenant les caractéristiques d’une bulle, d’une pyramide de Ponzi et d’une catastrophe pour l’environnement financier.
Peu connue du grand public, la Banque des Règlements Internationaux (BRI), dont le siège est situé à Bâle en Suisse, est la plus ancienne organisation financière internationale.
Créée en 1930, elle est la plaque tournante de la coopération financière internationale, au point d’être considérée comme «la banque des Banques Centrales».
Elle rassemble les soixante Banques Centrales les plus importantes au monde et assure leur coopération, qu’il s’agisse de leurs paiements mutuels et/ou de l’harmonisation des règles prudentielles des systèmes bancaires.
Des dangers que représentent les cryptomonnaies :
Son importance et son autorité morale, fait de son Directeur Général une personne bien placée pour souligner les défauts attribués au Bitcoin :
Une « bulle spéculative» du fait de l’envolée extravagante des cours, en 2017, suivie d’une forte correction de plus de moitié ces dernières semaines.
Une « pyramide de Ponzi», référence faite à ce système d’escroquerie où ce sont les nouveaux entrants financent les gains des premiers investisseurs, tout en sachant que le Bitcoin n’est adossé à aucune richesse économique.
Une «catastrophe pour l’environnement», car il s’agit d’une consommation monstrueuse en énergie ne nécessitant des calculs mineurs pour établir son cours.
Rappel du rôle primordial des banques centrales dans le système financier international :
Pour le directeur général de la Banque des règlements internationaux, l’ascension fulgurante et récente des cryptomonnaies ne doit pas nous faire oublier la place primordiale qu’occupent les banques centrales, en tant que dépositaires de la confiance publique.
Augustin Cartens s’en prend directement et sans détours à l’ensemble des cryptomonnaies, en considérant que leurs fortes fluctuations, les coûts élevés des transactions et surtout de l’absence de protection des consommateurs et des investisseurs par une autorité centrale, les cryptomonnaies ne sont pas à même remplir les missions d’une monnaie réelle : servir d’unité de compte, être un moyen de paiement, et constituer une réserve de valeur.
Et d’ajouter que des jetons numériques privés se faisant passer pour des monnaies ne doivent pas nuire à cette confiance.
On ne peut nier que des nouvelles technologies – comme la Blockchain, par exemple – sont riches de promesses, en particulier dans l’efficacité des systèmes de paiements. Cependant, la BRI rappelle que les autorités centrales doivent veiller à ce que les progrès technologiques ne servent pas en sous main à légitimer les profits d’activités possiblement illégales.
Enfin, il convient de s’assurer que les cryptomonnaies ne s’enracinent pas et ne mettent pas ainsi en péril la stabilité financière.
Les États souverains ont leur mot à dire en la matière :
Il s’ensuit une double recommandation en direction des autorités centrales :
D’abord dans les liens entre les cryptomonnaies et les monnaies réelles. On ne peut empêcher les acteurs du Bitcoin échangent entre eux cette monnaie privée. En revanche, les banques centrales sont légitimes à prohiber la conversion de ces jetons privés en monnaies réelles, car risquant de les parasiter. D’autant que l’anonymat et le financement de trafics illicites seraient ainsi cautionnés par les banques centrales.
Les États ont donc également leur mot à dire en la matière. Cela renvoie à la décision, en date du 15 décembre dernier, par la Commission Européenne, qui amende la quatrième directive anti-blanchiment.