Certains Etats américains croulent sous les dettes aujourd’hui. Porto Rico figure parmi des territoires qui se trouvent au bord d’une faillite.
Le défaut de paiement semble toucher plusieurs territoires américains. Après la faillite de la ville de Detroit, le même sort pourrait frapper un état américain ou plutôt un état « quasi américain » : le Porto Rico. « Quasi américain » puisque le Porto Rico est un état à part entière qui est rattaché aux USA. La situation de cette île s’avère aujourd’hui plus critique que celle de l’ancienne capitale de l’industrie automobile américaine.
Après l’exemple de Moody’s (l’une des plus grandes agences de notations financières mondiaux) le 1er juillet, son homologue Standard & Poor’s a également baissé d’un cran la note des obligations du gouvernement, le vendredi 11 juillet. Ces décisions de dégradation résultent de l’initiative des autorités de l’île d’autoriser les entités publiques (les responsables des transports en commun ou les fournisseurs d’eau et d’électricité) à restructurer 19 milliards de dollars de dettes. « L’établissement de cette loi montre en elle-même un changement potentiel dans la volonté historique de Porto Rico de continuer à respecter ses engagements vis-à-vis de ses détenteurs d’obligations », expliquent les auteurs du rapport de Standard & Poor’s.
Les obligations d’état sont aussi concernées par la mesure :
Dans un premier temps, Standard & Poor’s a décidé de dégrader uniquement la note de Prepa, le principal fournisseur d’électricité de l’île (avec une dette de 9 milliards de dollars). Cependant, l’application de la mesure s’est élargie aux entités publiques. Aussi, toutes les entreprises publiques sont également visées. Par ailleurs, les obligations d’Etat ne sont pas non plus épargnées même si la restructuration ne les concerne pas. Selon l’estimation des experts, il est fort possible que ces obligations soient bouleversées indirectement.
D’après les analystes de l’agence britannique Creditsights, la restructuration concernera au total près de 22 milliards de dollars d’obligations, c’est-à-dire environ 30 % de la dette globale de Porto Rico. Cependant, l’archipel dont la population est estimée à 3,6 millions a cumulé une dette publique considérable : 73 milliards de dollars ! Avec la nouvelle dégradation prévue par les agences de notation financière, cette dette ne pourra plus être restructurée à la convenance des autorités publiques. Il s’agit donc d’un véritable dilemme, alors que le territoire est déjà victime d’une crise depuis 10 maintenant, avec l’échéance des conditions fiscales avantageuses établies et accordées pour séduire les sociétés américaines.
En outre, Etat rattaché aux USA, Porto Rico utilise le dollar américain. Ainsi, les autorités sont dans l’impossibilité de dévaluer leur monnaie.
Des échéances prévues très prochainement :
Cependant, la pression augmente avec le temps ! Prepa est contraint de régler un prêt d’un montant de dix millions de dollars le 3 juillet. Parfaitement conscientes que la compagnie d’électricité est dans l’impossibilité de régler ce montant, les banques créancières se sont montrées plus clémentes et ont décidé d’accorder un délai supplémentaire de 3 semaines à Prepa. Mi-aout, Prepa doit également se préparer à une échéance encore plus importante. En effet, elle devait rembourser un emprunt d’une somme de 671 millions de dollars. A noter que c’est un groupe de banques menées par Scotiabank of Puerto Rico qui est le financeur de ce prêt.
Une question mérite notre attention : si la compagnie d’électricité est aujourd’hui, dans l’incapacité de régler un prêt de dix millions de dollars, comment pourrait-elle rembourser une somme de 671 millions de dollars à échéance ? Le risque de défaut de paiement est donc important. Or, comme nous le savons tous, cela pourrait être de lourde conséquence pour les financeurs.
Face à tout cela et surtout afin de s’attirer l’indulgence des banques, Prepa pourrait mettre en place des solutions immodérées :
- Augmentation des tarifs, lesquels sont déjà plus élevés que la moyenne de l’Amérique !
- Des coupures d’électricité par quartier et en alternance, en épargnant uniquement les sociétés, les hôpitaux et les établissements scolaires.
Une restriction du budget des services publics!
Mais ces mesures immodérées pourraient également s’appliquer à d’autres services publics. En effet, le gouverneur Alejandro Garcia Padilla a établi très récemment un nouveau budget qui prévoit une réduction de 8% de dépenses pour les grands postes publiques. Seules l’université et la police sont épargnées de cette réduction de dépenses. « Les gardes nous sont indispensables pour les prisons et les enseignants pour les écoles, mais tout le reste est sur la table », explique le directeur du Center for a New Economy à San Juan, Sergio Marxuach. Pour certains analystes, le gouvernement ainsi que les entités publiques ne parviendront pas à mener à terme ces mesures de restriction et l’effet escompté ne sera pas atteint.
Tout comme dans le cas de Detroit, le gouvernement fédéral ne prévoit aucun plan de sauvetage pour Porto Rico jusqu’à maintenant. L’archipel devra donc affronter tout seul ces moments difficiles.
Date : 15.08.2014