Lors du transfert d’un footballeur dans un autre club, la détermination de sa valeur marchande est une étape difficile. Pour clarifier la situation, le responsable de l’Observatoire du Football CIES et deux agents de footballeurs ont défini les éléments qui doivent être pris en compte pour une telle transaction.
Après presque deux mois de mercato, les chiffres concernant les plus importantes transactions se montrent trop élevées. Les rumeurs dans les médias et les officialisations de transfert ne manquent pas de surprendre les observateurs du football et les supporteurs qui ont d’ailleurs estimé que les joueurs en question sont surpayés par leurs clubs d’accueil. Pourtant, il n’est pas possible d’évaluer quoi que ce soit sans connaître la valeur d’un footballeur. D’autant plus que le niveau global de ce dernier n’est pas le seul paramètre de calcul.
En se concentrant sur la question, l’Observateur du Football du CIES (Centre international d’étude et du sport) a mis au point un simulateur, un outil destiné à calculer la valeur d’un joueur sur le marché des transferts. Le calcul sur base sur les 1.500 transferts réalisés au cours des cinq dernières saisons dans les championnats d’Allemagne, de France, d’Angleterre, d’Italie et d’Espagne. « Cela nous a permis de produire un modèle statistique. On a attribué un coefficient à chacun des indicateurs pour déterminer la valeur de transfert d’un joueur », comme l’annonce le responsable du groupe de recherche du CIES, Raffaele Poli.
Les footballeurs gauchers en haut de l’échelle :
Pour calculer la valeur d’un joueur, les données sur son âge, son poste, sa date de fin du contrat, les buts marqués en championnat, le nombre de matches joués et celui de sélections nationales sont nécessaires. Grâce à ces paramètres, l’outil affiche un montant approximatif, à environ 80 %, de celui qui est réellement proposé au footballeur. Quoiqu’en réalité, seules les négociations permettent de fixer le prix définitif. Cela est confirmé par l’agent de joueurs, Christophe Mongai, qui révèle que : « Si vous estimez que votre maison vaut 500.000 euros, mais que vous ne recevez que des offres à 300.000 euros, c’est que votre maison vaut 300.000 et pas 500.000 ».
Entre autres, la durée restante du contrat est l’un des indicateurs jugés plus importants. Raffaele Poli précise « Si vous avez un contrat de 4 ou 5 ans, la différence n’est pas très grande. Par contre, entre 4 et 3 ans et surtout entre 2, 1 an ou 6 mois, ça devient important. Au fur et à mesure que la durée du contrat s’amenuise, le pouvoir de négociation du club qui possède les droits du joueur se réduit ».
Aussi, le niveau du club dans lequel le joueur progresse et le fait qu’il soit titulaire ou non influent sur sa cote. Et comme l’informe Christophe Mongai, le championnat est également un très important indicateur « La Ligue 1 est un championnat apprécié. Les joueurs français s’exportent bien. Leur talent et leur faculté d’adaptation sont reconnus partout à travers le monde ».
Certes, le pied préféré du joueur n’est qu’un simple détail, pourtant il n’a rien d’insignifiant lorsqu’il s’agit de déterminer la valeur marchande de celui-ci. Ce sont surtout les gauchers très adroits balle aux pieds qui « sont les plus recherchés », explique Christophe Hutteau, l’ancien agent de Mathieu Valbuena.
Et qu’en est-il des gardiens de but ?
D’une part, Mr Hutteau a également précisé que « les attaquants sont plus prisés que les défenseurs ». C’est la raison pour laquelle les 10 transferts les plus onéreux de l’histoire du football ne touchent que ces derniers. Raffaele Poli, quant à lui, déclare « Les médias, les spectateurs, et donc les clubs, voient surtout celui qui marque les buts. Aussi, c’est peut-être lié à une rareté du talent et qu’il y a plus de bons défenseurs que de bons attaquants ».
D’autre part, le marché des gardiens de but est difficile à cerner selon ce membre du CIES : « Il y a plus de variabilité. L’aspect un peu subjectif est encore plus important que pour d’autres postes où on peut mesurer le nombre de buts marqués. Là, c’est plutôt le pourcentage d’arrêts et un peu plus le feeling. Nous étions étonnés de voir Claudio Bravo (gardien titulaire du Chili au Mondial, ndlr), qu’on estimait autour de 6 -7 millions, être payé le double par Barcelone. La rationalité du marché est plus grande pour les joueurs de champ ».
En général, les clubs de football privilégient les jeunes même s’ils leur coûtent plus cher. « Quand de très jeunes joueurs ont déjà deux ans de carrière au plus haut niveau et sont titulaires en équipe nationale, ça explose. C’est le cas de Pogba qui n’a que 20 ans. Dans nos estimations, il n’est pas loin des 70 millions », proclame Raffaele Poli. Il indique aussi que les « premières sélections sont décisives pour augmenter la probabilité et la somme d’un transfert ».
L’Observatoire du Football souhaite s’imposer comme une référence et prendre ainsi la place de son concurrent Transfermarkt (un site allemand très connu pour ses estimations et très prisé des dirigeants et des agents). D’après son constat, le prix des joueurs de ces dernières années a fait l’objet d’une inflation : « Il y a des clubs qui ont l’air de surpayer les joueurs. C’est le résultat de l’économie du foot où le haut du panier des clubs gagne de plus en plus d’argent ». Cette tendance va certainement se poursuivre compte tenu de l’explosion des ventes de maillots de James Rodriguez au Real Madrid.
Date : 29.08.2014